Pourquoi cette pièce va forcément vous parler

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Aux urgences, dans un couloir d'hôpital. Le temps qui ne passe plus. Les bruits de pas qui ne sont jamais les bons. Cette suspension où la vie continue autour mais la tienne est gelée.
Et là, inévitablement, tout remonte. Les souvenirs. Les regrets. Les "et si". C'est un temps étrange où on rejoue le film en boucle, où on négocie avec la réalité, où on se demande si les choses auraient pu être différentes.
Le destin se moque des choix démarre exactement là. Deux femmes aux urgences. Mathilde attend des nouvelles de son mari après un incendie. Pilar, celles de son fils après un accident. Elles ne se connaissent pas. Mais elles partagent cette même attente. Et cette même question qui tourne.
Parfois c'est léger. C'est un choix de paires de chaussures ou d'outfit du jour. Parfois on le sait au moment où on décide : là, on choisit un chemin de vie. Accepter ce job ou pas. Rester ou partir. Et voilà, on ne saurs jamais ce qu'aurait donné l'autre branche.
On peut juste l'imaginer. Le fantasmer. Le regretter. Ou s'inventer une logique pour croire que c'était écrit d'avance.
Mathilde et Pilar se posent exactement cette question : auraient-elles pu agir autrement, un jour, et changer la donne ? Un détail anodin qui, rétrospectivement, devient lourd de conséquences. Une superstition qu'on se construit pour donner du sens au hasard.
C'est banal, mais c'est aussi universel. Et c'est ce que cette pièce explore sans détour.
Dans la vie, c'est invisible. Un flot de pensées. Des souvenirs qui surgissent et déforment le présent. Des connexions étranges entre des moments éloignés.
Au théâtre, on peut les matérialiser. Les rendre visibles. Les incarner.
Le destin se moche des choix le fait avec une économie de moyens remarquable. Deux comédiennes, Carine Ribert et Lily Rubens, incarnent Mathilde et Pilar, mais aussi tous les autres — le mari, le fils, les médecins, les souvenirs. Elles passent de l'un à l'autre sans transition, sans costume. Juste la présence.
Les scènes s'enchaînent. Les temps se mélangent. Un flashback déforme le présent. Une phrase anodine ouvre sur un gouffre. C'est concret et vertigineux à la fois. On est dans une histoire, puis soudain dans une pensée. Du rire à la sidération en trois répliques.
Il y a des pièces qui nous divertissent. D'autres qui nous font réfléchir. Le destin se moque des choix fait les deux, mais pas de manière séparée. Ça s'entrelace.
Y a de la tendresse, de l'humour, une parole familière, presque complice. Et puis quelque chose glisse. Ça tangue. Pas de grands gestes dramatiques. Juste une présence tendue qui dit tout sans forcer.
Et quand la fin arrive, tout s'accélère. Ça cogne. Le réel refait surface.
On ne sort pas anéanti. On sort remué. Avec cette sensation bizarre d'avoir vécu quelque chose d'intime en public.
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