Ce qu’on aime (beaucoup) au Théâtre de l’Atelier


Perché place Charles Dullin, sur les pentes de Montmartre, le Théâtre de l’Atelier a ce truc rare : une identité. Une vraie. Monument historique au cœur de la butte bohème, à deux pas du Trianon, c’est une salle qui ne programme pas pour remplir mais pour dire quelque chose. Ici, on vient pour des textes costauds, des artistes qui prennent le plateau à bras-le-corps et des spectacles qui ne caressent pas toujours dans le sens du poil.
Sous la direction de Rose Berthet, l’Atelier assume une ligne exigeante, entre grands textes revisités et écritures contemporaines. Beckett, Lagarce, Pascal Rambert, Fabrice Luchini : des noms qui claquent, des propositions qui marquent. Le genre de théâtre où l’on ressort rarement indifférent — et souvent un peu remué.
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Un spectacle muet… qui dit tout. Avec Bigre, Pierre Guillois transforme le quotidien en terrain de jeu absurde, poétique et franchement hilarant. Trois personnages, zéro parole, mais une précision de jeu et un sens du rythme redoutables. C’est drôle, osé, parfois un peu fou — et c’est justement ce qui fait toute la magie du spectacle. Un vrai bijou de théâtre visuel.
À partir du Journal de Jean-Luc Lagarce, Vincent Dedienne signe un seul-en-scène d’une justesse rare. On s’attend à quelque chose de cérébral, on se retrouve happé par une parole intime, drôle, parfois bouleversante. Dedienne parle Lagarce comme s’il parlait de lui, avec une simplicité désarmante. Une vraie claque, aussi accessible que profonde.
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Beckett, sans esbroufe. Denis Lavant et Jacques Bonnafé forment un duo magnétique, drôle malgré lui, profondément humain. On ne cherche pas à “comprendre” Godot : on écoute, on regarde, on se laisse porter par cette conversation absurde qui tient les personnages — et nous avec. Un Godot incarné, vivant, parfois déroutant, souvent fascinant.
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