La critique de l'Affiche

L'avis de
Martin
Je ne peux pas vivre un Festival d’Avignon sans aller voir le show de Madame Arthur. C’est un rituel chaque année. Pourquoi ? Car c’est l’assurance d’une soirée hors du temps qui fait du bien, qui redonne de l’énergie, et autant vous dire que j’en ai besoin.
Cette année, c’est une immersion dans le monde de l’opéra. Ce qui m’intrigue initialement c’est l’opposition imaginée de ces deux mondes. L’opéra est vu comme un art peu accessible, élitiste, de droite, peu inclusif, coincé. Evidemment le cabaret drag est tout l’inverse : des spectacles engagés, sans limite et explosifs. Mais il n’y a que Madame Arthur pour les rassembler, avec brio.
Le niveau de chant est incroyable avec des voix lyriques qui nous scotchent. Le numéro d’Odile de Mainville, sans micro, nous hypnotise. Ils jouent de la musique en live avec Cosme McMoon phénoménale au piano et Martin Poppins / La Baronne du Bronx envoûtants au violon. Ils dansent aussi avec une Pablova remarquable. Ce n’est qu’ici qu’on veut voir de tels corps musclés en tutu et en pointe. Des interprétations de grands classiques lyriques avec si peu de tissus sur ses interprètes.
Je vous rassure, Madame Arthur n’a pas perdu son adn. Il y a toujours cette irrévérence, cet engagement, ces interactions délirantes avec le public. Mais le choc des mondes qu’il nous propose remplit un double objectif : prouver une nouvelle fois l’étendue extraordinaire des talents de ces artistes et nous montrer que la musique rassemble tout le monde. Car Madame Arthur est bien ce lieu unique de convivialité, de joie, de fête. C’est ça en fait mon carburant. Et je suis bien heureux d’avoir fait le plein.