La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
La promesse de ce titre, Le dernier cèdre du Liban, c'est un voyage. C'est un peu galvaudé de parler de voyage aujourd'hui au théâtre quand partout on est embarqué dans des voyages bas carbone sans quitter notre siège. On oserait dire que celui-ci est différent. Légèrement. Subtilement. Il ne ressemble pas tout à fait à ce qu’on s’était figuré.
Bien sûr, il y a des choses qu’on reconnaît. Cette manière de faire théâtre avec trois fois rien, de transformer les personnages avec un accessoire et le plateau avec juste une chaise. Ce plaisir de se laisser embarquer dans une histoire de secrets de famille, à la façon d’un jeu de piste où chaque révélation nous rapproche un peu plus du cœur du récit. C’est bien ficelé, bien rythmé, parfaitement équilibré. On entre dans cette histoire sans jamais en décrocher.
Et puis il y a ce qu’on n’avait pas vu venir. D’abord, le sujet. Avec un titre pareil, je m’attendais à quelque chose de doux, de lyrique peut-être, de touchant façon tire-larmes. Certainement pas à l’histoire d’un reporter de guerre. Et c’est là que le spectacle surprend. Le sujet est fort, original, inattendu. Et le voyage est passionnant. On se croirait parfois dans Le Bureau des Légendes, traversant l'Histoire en même temps que l’histoire.
Et puis, il y a ce rythme. Ce n’est pas un spectacle qui court après l’émotion facile. Ce n’est pas un spectacle qui file à toute allure. C'est un spectacle qui respire. C’est un spectacle qui prend son temps. Le temps de raconter, le temps de laisser ses personnages réagir, le temps de ne pas tout dire tout de suite. Rien de dégoulinant ici. Rien de larmoyant. Au contraire : quelque chose de brut, de retenu, de pudique. Comme une émotion contenue. Et c’est précisément ce qui le rend aussi juste.