La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
J'ai pris mon temps avant de découvrir son spectacle. Quand on a annoncé l'adaptation, je venais de découvrir Valérie Perrin et j'avais dévoré ce roman. J'ai eu trop peur de la comparaison. Et puis le temps a passé, j'ai lu d'autres romans et Changer l'eau des fleurs est devenu plus lointain dans ma mémoire. Le spectacle lui aussi a fait sa vie, et est tranquillement devenu un carton, tenant plusieurs années à l'affiche. Et voilà. On y est. Aujourd'hui, les conditions semblent réunies. Aujourd'hui, je vais enfin découvrir ce spectacle.
J'ai toujours commencé mes articles par le "pourquoi" je vais voir un spectacle mais là, ça me semblait particulièrement important. Parce que le mood dans lequel j'ai découvert ce spectacle, cette démarche, cette attente, quelque part, elles ressemblent un peu à ce que j'ai vu. C'est un spectacle un peu particulier. Un spectacle à contre-temps de ce qu'on voit habituellement. Un spectacle à vivre, à déguster, à recevoir. A laisser infuser. Un spectacle qui ressemble à sa bande-son, aux musiques de Charles Trenet. Joyeux et légèrement mélancolique. L'adaptation a respecté le tempo de cette histoire un peu en décalage, à la lisière du désuet et de la fantaisie. C’est doux. C’est un peu magique. Comme un rêve éveillé. Une histoire d’amour comme on n’en lit que dans les romans.
C’est une pièce qui ne cherche pas à impressionner. Elle choisit la délicatesse. Je retrouve ce que j'aime tellement chez Valérie Perrin : ces personnages plein d'humanité, un peu cabossés par la vie mais qui savent garder les yeux grands ouverts avec l’envie de croire, malgré tout, à un peu de beauté. C'est une histoire qui sait laisser la place à tous les moments : savourer l'instant présent, les échanges, les silences, découvrir les histoires, les pourquoi, les comment, et permettre l'espoir. C'est une écriture où les secrets savent exister sans prendre toute la place. Où le chemin a autant d'importance que l'arrivée. C’est un spectacle qui enchante — doucement, subtilement. Comme une histoire qu’on nous chuchoterait à l’oreille, un soir de pluie. Une histoire qui fait du bien, simplement.