La critique de l'Affiche

L'avis de
Martin
Créé il y a 30 ans, ce spectacle est une référence absolue. Adoubé dans le monde entier, il a époustouflé des centaines de milliers (millions ?) de personnes. Son retour à Paris est donc forcément un événement que je ne pouvais pas louper - n’ayant jamais eu la chance d’aller l’applaudir. Mes attentes étaient immenses : j’y suis allé avec l’espoir de me prendre une sérieuse claque. Le verdict est sans appel, ma joue s'en rappelle encore.
C’est un ballet contemporain, signé Matthew Bourne, sur la musique du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. L’originalité ? Les cygnes sont dansés par des hommes. La délicatesse du corps de ballet féminin original fait donc place à une interprétation en puissance. Cela influe donc sur la lecture de l’argument : le Prince tombe par conséquent amoureux d’un cygne masculin. Contre sa mère et la société toute entière, l’amour impossible est alors celui de deux hommes. On imagine bien évidemment le bouleversement dans le monde du ballet lors de sa création en 1995 d’une telle réinvention de l’oeuvre du XIXème Siècle. Mais cela fonctionne à merveille et résonne encore aujourd’hui, sans avoir pris une ride. On a tellement peu l’habitude de voir deux hommes danser ensemble que leur tendresse nous fait frissonner.
Outre le propos c’est visuellement un très grand moment. Les décors sont spectaculaires et permettent une immersion totale dans l’univers de Bourne avec un équilibre magistral entre réalisme et imaginaire. Les très nombreux costumes sont sensationnels et appuient le récit avec un incroyable symbolisme. Les chorégraphies sont enfin la synthèse parfaite entre la grâce et l’élégance du ballet, l’émotion et la vigueur du message, la virilité et l’intensité des corps. Certains tableaux sont époustouflants et deviennent de véritables oeuvres d’art dont la photo pourrait être exposée. Les dix dernières minutes sont bouleversantes et m’ont littéralement scotché.
Au tombé de rideau on entend la salle s’exclamer : « C’est magnifique », « Brillant », « Incroyable ». Une magnificence qu’on aimerait partager à tous tant elle transpire la liberté, l’amour et la tendresse. A-ton besoin d’autre chose aujourd’hui ?
Une claque je vous avais dit.