La critique de l'Affiche

L'avis de
Martin
"C'était un bonbon". C'est comme cela qu'a résumé ma voisine de siège au moment où les lumières se sont rallumées. Je n'aurais pas pu mieux définir ce moment. Ce spectacle nous apporte un réconfort qu'on aurait pu difficilement imaginer. Déjà car l'on connaît très peu cette pièce de Jean Anouilh - une découverte pour moi. Ensuite car le pitch nous parle principalement de mélancolie et le risque de vivre un moment plombant me menaçait fortement. Mais c'est tout l'inverse.
Il y a déjà beaucoup d'humour. Grâce à la folie incarnée par la Duchesse - extraordinaire Valérie Français - qui nous emmène dans son monde complètement déjanté mais avec une finesse admirable. On rit.
Au coeur du sujet, il y a l'amour. L'amour dans un premier temps d'une tante pour son neveu, qui met son argent autant que son énergie pour ne pas le voir sombrer, attiré dans les profondeurs par sa mélancolie. Maladie d'amour également puisque ce dernier pleure son coup de foudre tragiquement disparue après 3 jours d'une idylle qu'il n'arrive pas à oublier. On compatit.
Théâtre dans le théâtre enfin avec cette jeune Amanda - parfaitement interprétée par Camille Delpech. Alors que tout l'oppose à ses hôtes, qu'elle devait être utilisée par les puissants, mais c'est elle qui du début à la fin prend et garde le pouvoir. Elle décide, elle, de les sauver en leur prouvant avec tact, intelligence et fluidité où se trouve vraiment l'amour. On applaudit.
Le tout porté par une scénographie extrêmement efficace : ce manège central offre à la fois une mise en scène pratique, réaliste et visuellement très intéressante. Mais elle est au service du fond, du texte, de la situation. Ce manège est à la fois le symbole du parc d'attraction, lieu qui nous ramène à la situation de départ. Le fait qu'il tourne nous montre ensuite comment le Prince tourne en rond dans sa recherche d'un amour perdu à jamais. C'est très fort.
Finalement, c'est un spectacle qui fait du bien. Où il n'y a en réalité aucune violence, malgré les incompréhensions que les personnages éprouvent. C'est comme une caresse sur le cœur qui nous transmet une tendresse dont on avait vraiment besoin.