La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Michaël Hirsch, on l’a connu humoriste, on l’a connu transformiste, et là, il revient… et il est encore autre chose. Je m’attendais à un spectacle dans la lignée de Pourquoi ? ou de Je pionce donc je suis — les mots qui dansent, les jeux de logique, l’humour cérébral et ce regard acéré sur nos existences ordinaires. Mais il fait un pas de côté. Ou plutôt, un pas vers l'intérieur. En fait, il est un peu tout ce qu’on a connu - il a toujours son sourcil en accent circonflexe et ce regard en coin qui devance la pensée - mais il propose quelque chose de nouveau. De plus intime. On ne joue plus seulement avec les mots : on joue avec la vie.
J’aimerais savoir parler de la langue de Michaël Hirsch. C’est une conférence TED écrite par Étienne Klein, réalisée par Pixar, diffusée sur Arte. Et racontée avec ce petit truc en plus qu’on appelle la joie. Il raconte une histoire — son histoire — à la fois toute en légèreté et en prenant son sujet très au sérieux. Il y a des jeux de mots, de l’humour fin, des punchlines qui claquent, des images ultra parlantes qui restent en tête, une bande-son géniale, et même son incroyable Fabrice Luchini. Et derrière le sourire, il y a une vraie rigueur, presque scientifique. Des anecdotes, oui, mais aussi une pensée précise, structurée, documentée. Comme si chaque blague avait été validée par un comité de chercheurs en joie de vivre. C’est un spécialiste. Un vulgarisateur du sensible. On se retrouve devant une quasi-conférence, aussi drôle que brillante, aussi accessible que profonde.
On se retrouve devant son spectacle comme devant un Pixar : on suit l'histoire autant qu'on apprend. Et en fonction de sa propre histoire, on prend des choses et on en voit d'autres. Il y a même parfois une petite émotion qui débarque sans prévenir, celle qui donne la chair de poule et met un peu d’eau au coin des yeux. On ne sait pas trop où il va nous emmener, mais quel que soit le personnage qui arrive, quel que soit le chemin qu’il prend, il a toujours une main tendue. Et on a juste envie de la prendre.
Et ça, ce n’est peut-être pas théorisé, mais je vous le garantis : ça rend plus joyeux.