La critique de l'Affiche

L'avis de
Martin
Mon ressenti après ce spectacle pourrait simplement se résumer dans "J'y ai cru". J'étais avec ces comédiens dans le Paris de la fin du XIXème. J'ai cru aux personnages et à chaque étape de leur évolution. J'ai vu l'amour. J'ai ressenti l'ambition. J'ai compris les personnalités. Bref, c'est une immersion franchement réussie.
Et si j'y ai cru, j'ai forcément partagé les émotions qu'ils cherchaient à transmettre. Grâce à des comédiens plus engagés que jamais et une vraie sincérité dans l'interprétation. Si on m'avait dit que Maupassant avait écrit Bel-Ami pour qu'Aurélien Raynal l'interprète, je n'aurais pas été étonné. Ce rôle lui va sur-mesure et il est particulièrement bien servi par les personnages majoritairement féminins autour de lui.
L'une des forces de ce texte et de cette histoire réside dans la place des femmes autour de l'ambition des hommes. Au milieu d'une société masculiniste, comment ces dernières exercèrent leur pouvoir. Sont-elles réellement à l'arrière plan comme la société le pense ?
La manipulation des unes et des uns sur les autres est le coeur de l'intrigue. Ce spectacle interroge avec grande intelligence la sincérité des actes et des décisions face à l'ambition. La vérité se mêle à la tromperie et au mensonge. Désormais tout est fait "par intérêt" additionné de la culture du "jamais assez". L'approche chorégraphique de la mise en scène le révèle et met en abyme avec beaucoup d'élégance ce que le texte révèle : tout est réfléchi, pensé, écrit. La spontanéité n'a quasiment plus sa place. Quasiment car au milieu de ces comportements, il y a l'amour. Celui qu'on ne contrôle pas, celui dans lequel on se laisse s'échapper, celui qui pourrait nous faire faillir.
L'adaptation de ce roman a donc toute sa place sur scène. Elle montre avec brio les relations de pouvoir décrites par Maupassant. Et le travail de cette compagnie sert particulièrement bien cette démonstration : la mise en scène est au service de la critique de la société et les comédiens, par leur intensité et leur sincérité, m'ont convaincu du début à la fin.