
L'amant
Sarah et Richard sont en couple. Il y a aussi un amant. Tout le monde est au courant, et ça fonctionne. Jusqu’au jour où Richard pose trop de questions. Et où Sarah ne veut plus répondre. Une pièce sur le couple, le désir, les règles qu’on invente — et ce qui se passe quand elles commencent à craquer.
Ma première vraie rencontre avec Pinter, c’était il y a onze ans. Dans cette même salle. Je suis tombée amoureuse de son style, de cette ambiance à part, de son mystère, de cette manière si singulière de parler à son spectateur. Et de ce que ça dit de l’amour. Alors une nouvelle pièce de Pinter, sur l’amour, dans ce même lieu ? Je ne vais pas faire semblant d’hésiter.
La critique de l'Affiche
L'avis de
Mordue
Il y a une sensation assez unique qui se passe lorsque vous êtes devant un Pinter. Vous ne savez pas. Vous ne savez rien. Adieu les certitudes, adieu la linéarité, adieu le confort. Il faut accepter de se faire balader. Accepter de se laisser porter. Accepter de se laisser berner. De remettre en question ses croyances, encore et encore.
J'ai d'abord été un peu grognon contre le spectacle. Parce que ça fait longtemps que je n'avais pas découvert un texte de Pinter et donc j'avais oublié à quel point on pouvait être perdu. D'autant que L'Amant, c'est peut-être encore le niveau du dessus. Quelques échanges à peine et on est déjà dans la double lecture. C'est un jeu dans un jeu. C'est l'inception de Pinter. Le boss final. J'ai d'abord essayé d'aller contre les règles du jeu. J'en ai presque voulu à Thierry Harcourt de ne pas nous aider - ou si peu.
Pas d'indice, pas d'explication. Les comédiens jouent la situation jusqu'au bout, avec un sérieux presque suspect - ils ne se regardent que très peu, donnent l'impression de dissimuler quelque chose. Sont-ils complices ? Ou non ? Est-ce un jeu de rôle consenti ? Une confusion conjugale ? Une parade nuptiale ou un duel à fleuret ? Ils s’observent, se guettent, se frôlent, se testent. Ils jouent sur la ligne de crête entre désir et menace, entre séduction et domination. Ils sont à la fois coquins et glaçants, charmeurs et tranchants, mutins et impitoyables. Sarah Biasini est superbe. Elegance maîtrisée, classe absolue, elle laisse parfois apparaître une faille. En face, Pierre Rochefort compose en creux. Il s’engouffre dans chaque brèche, il creuse ses silences. On a pour habitude de dire qu'une complémentarité est troublante. La leur est presque toxique. Nous voilà pris au piège.
Sur scène, la situation n'est qu'ambiguité, mais alors je ne vous raconte même pas les noeuds qui se forment dans mon cerveau. Un labyrinthe, le truc. J'évalue tous les scénarios, j'analyse toutes les virgules, je traduis tous les silences. Il ne m'aura pas, je veux comprendre absolument. Jusqu'à la dernière réplique, je doute. Et à la dernière réplique, je comprends. Jeu, set et match. Pinter 1 - 0 Mordue.
Les contenus
Galerie

Bande-annonce
L'équipe artistique
Texte Harold Pinter
Traduction Éric Kahane
Mise en scène Thierry Harcourt
Interprétation Sarah Biasini, Pierre Rochefort, Simon Larvaron
Assistante mise en scène Clara Huet
Scénographie Jean-Michel Adam
Costumes Chouchane Abello Tcherpachian
Lumières Didier Brun
Musique Tazio Caputo


















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