La critique de l'Affiche
L'avis de
Martin
La foudre du talent de Tigran Mekhitarian a encore frappé. Cette fois-ci, elle s’est abattue sur l’immense roman de Romain Gary, La Promesse de l’aube. Je vais vous faire une confidence : je ne l’ai jamais lu. Je savais simplement, en entrant dans la salle, qu’on allait me parler de l’amour inconditionnel d’une mère pour son fils dans la première partie du XXᵉ siècle. En sortant, je n’ai qu’une envie : me jeter dessus.
On découvre une histoire exceptionnelle qui balaie un très grand nombre de sujets. On parle d’amour maternel, bien sûr, mais aussi d’émancipation, d’immigration, d’intégration, d’éducation. On se reconnaît forcément, à un moment ou un autre, dans l’une des péripéties, et cela vient directement nous parler et nous toucher. L’œuvre de Romain Gary est brillante — ce n’est plus à prouver — contrairement à son adaptation au théâtre avec trois comédiens.
Tigran Mekhitarian a le don de tout rendre accessible et proche de soi. Il a encore magistralement réussi avec ce spectacle dans lequel il interprète Romain Gary. Il l’interprète comme un narrateur qui raconte son histoire, tout en jouant et en interagissant avec les deux autres comédiens. La fluidité qui en découle est fascinante : c’est une forme d’ubiquité déconcertante mais si efficace. C’est comme un livre audio — en mieux — un livre vivant. Tout s’enchaîne avec limpidité grâce à un incroyable sens du détail. Tout est pensé, tout est précis, sans aucune fioriture : tout fait sens et tout prend vie. Il y a, bien sûr, de la modernité et de l’originalité, notamment grâce à la musique, mais avec une simplicité chirurgicale qui doit être si difficile à atteindre. Je me demande encore comment un spectacle peut être si abouti après seulement quelques représentations.
En plus de l’adaptation, ce spectacle est une immense réussite grâce à Delphine Husté, qui incarne une mère incroyable. Elle offre une profondeur et un réalisme à ce personnage pas si simple ! Elle transpire d’amour et nous bouleverse par son courage. Bravo !
On ressort de ce spectacle boosté par le courage et l’amour de ces personnages. Malgré les contraintes d’une petite salle, avec quelques accessoires et trois comédiens formidables, Tigran a réussi à nous insuffler, avec générosité, toute l’humanité de l’œuvre de Romain Gary.
Brillant, je disais.
























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