La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Celui-ci a vraiment chatouillé ma curiosité avant que j'ose vraiment sauter le pas. Je connais mieux la dépression de l'enfant que Jean Rochefort et là, comme ça, la dépression de l'enfant, en plein mois de juillet, bon. Mais en fait, si.
Parce que le sujet est bienlà, mais très bien amené. On sent les doutes de Rosalie, sa difficulté avec le réel, mais ce n'est jamais pesant. Thomas Drelon est étonnant. Il a quelque chose parfois d'un clown triste. Il incarne cette sensation de décalage – quand tout le monde semble s’accommoder du monde, et qu’on regarde ça, de côté. Il arrive à faire sortir son personnage de lui-même, à faire exister cette carapace de protection à moustache.
C’est un spectacle sensible, intelligent, un peu à part, et qui réussit beaucoup de choses. Le texte est assez inattendu - peut-être parfois trop pour moi. Et pourtant ils nous attrape. Le personnage de Jean Rochefort y est sans doute pour beaucoup. Haut en couleur, un peu lunaire, il apporte cette légèreté qui équilibre l’ensemble. Je n'ai pas les références, et ce n'est pas grave. Je devine que certaines punchlines, qui détonnent un peu dans le ton général et déclenchent des rires complices dans la salle, viennent de lui.
C'est une histoire à la fois absurde et très authentique, qui fait passer de vrais sujets en douceur. C'est à la fois tendre, réjouissant, pudique. Le spectacle réussit ce mélange délicat : parler de dépression tout en faisant surgir, par petites touches, l’envie de vivre, la joie de vivre. On sort de là avec un drôle de sentiment – une tristesse douce, teintée d’élan.