La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Ces dernières années, dès qu’on entendait “discours de témoin de mariage” au théâtre, on pensait Fabcaro. J'annonce : on est loin de cette ambiance. Oubliez l’ironie douce et les digressions absurdes. Ça commence presque pareil — un homme, un témoin de mariage, un discours — mais très vite, le vernis craque.
Quelque chose se tend. L'ambiance devient pesante, les mots s'aiguisent, le ton se durcit. Où veut-il en venir ? On n'en dira pas trop. On dira simplement que Benjamin Jungers est plus que convaincant. Il a l'urgence, la nécessité, l'étincelle dans le regard. Ce n’est pas un simple monologue : c’est un appel, un règlement de comptes, presque une tentative d'exorcisme. Il sort tout ce qu'il a en lui, comme si plusieurs facettes se superposaient : gentillesse, violence, fragilité, colère.
Le discours est bien ficelé, juste ce qu'il faut de rebondissements et de description pour nous plonger dedans et nous maintenir en haleine. Il nous cueille doucement, puis serre l’étau. Jusqu’à ce que le verbe touche l’os. On ne sait jamais tout à fait où il va. Il maintient le cap, droit devant, puis le vent tourne. L'histoire prend un virage. Il nous amène progressivement, insidieusement, vers ce qui l'agite. Vers l'origine du problème - l'origine du mal. C'est brillant.