Bérénice

Bérénice

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Résumé

Quand Bérénice parle arabe et français, ça change le regard. L’histoire d’un amour impossible devient aussi celle d’un refus : celui d’un peuple, d’une culture, d’une étrangère. Une tragédie amoureuse, mais surtout politique, où la langue elle-même trace des lignes de fracture…

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May 18, 2025
Relâche les 10, 17, 24 juillet
1h30
21h45
Mordue
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« Une Bérénice bilingue, sensuelle, viscérale. »
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La critique de l'Affiche

Mordue

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Quand on me parle d'une Bérénice bilingue arabe et français, tout de suite, ça éveille ma curiosité. Des Bérénice, j'en ai quelques unes à mon actif, et c'est vrai que la prendre sous cet angle-là, de l'étrangère refusée par un pays, ça m'intéresse. Le point de départ de cette lecture se retrouve bien dans les vers de Racine.

L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine. Rome hait tous les rois, et Bérénice est reine.
Et Rome par une loi qui ne se peut changer n'admet avec son sang aucun sang étranger.

La tragédie n’est pas seulement amoureuse. Elle est politique. Elle est frontalière. Elle est faite de lois, de territoire, d’exclusion. Et cette version choisit de la faire entendre – littéralement – dans deux langues.

Et on l’entend vraiment, cette étrangeté. Pas seulement dans le récit, mais dans la langue elle-même. Dans le fait de ne pas toujours comprendre, dans ces mots murmurés en arabe qui sonnent comme des secrets. Des confidences intimes, qu’on capte du regard, du geste, du rythme – même si le sens nous échappe. C’est chouette. C'est beau. Ça marche. La langue arabe, ici, ce n’est pas un simple effet de style. C’est un déplacement. Un glissement politique, poétique, presque charnel. Racine prend une autre musique, un autre tempo, un autre élan. Il y a d’abord cette sensation étrange, presque déroutante. Comme si les alexandrins s’étaient déplacés. Comme s’ils avaient pris un bateau, traversé la Méditerranée, changé de cadence.

Sur scène, Bérénice parle en arabe et en français. Et soudain, Racine nous échappe un peu. Ce n’est plus le classique scolaire, l’alexandrin sacré, c’est autre chose : un chant fragmenté, traversé de silences, d’accents nouveaux. On entend les vers différemment. Les plus connus ne sont plus ceux qui nous sautent aux oreilles. Elle est maligne, cette adaptation. Est-ce parce qu'on ne comprend pas tout que soudain on devient plus sensible au reste ? Aux corps ? L’amour, la douleur, le renoncement s’y incarnent différemment, avec une intensité plus physique, presque viscérale.

C'est déstabilisant et ça accroche l'oeil ou l'oreille comme une semi-nouveauté ; le glissement d’une langue à l’autre, la manière dont une phrase change de visage en changeant de rythme, l’énergie des comédiens, leur puissance, la prouesse du passage d'une langue à l'autre, aussi. Par moment, j'avoue que je ne sais plus vraiment ce qui me fascine. Ce n'est pas grave. Autant se laisser porter. Bercée par cette musique nouvelle, je me laisse davantage guider par mes sens, et je dois reconnaître que les lumières sont particulièrement réussies. Les jeux d’ombres dessinent les contours d’un palais fantasmé, d’un pouvoir rigide où les gestes sont codifiés, autoritaires Parfois elle isole, fige, enferme. Parfois elle ouvre, éclaire, dessine une liberté potentielle. Elle vient souffler quelque chose de politique et d'intime à la fois.

La mise en scène s'appuie beaucoup là-dessus. Elle accentue l’ordre, la rigueur, le poids du devoir. Les suivants masqués, aux gestes millimétrés, incarnent la loi romaine dans toute sa froideur. Les issues se referment et Titus est coincé. Est-ce pour cela qu'il est ainsi dirigé, presque sans hauteur tragique ? Il a quelque chose de plus simple, de plus commun, presque terre-à-terre. Moins empereur que fonctionnaire d’un destin qu’il ne maîtrise pas. Ce n'est pas la vision de Titus que je préfère. Mais le reste m’avait déjà emportée ailleurs, tous sens en éveil. Alors, tant pis pour Titus.

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