La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
C'est l'affiche qui a d'abord attiré mon regard. Elle est belle, elle est maligne, elle en dit juste ce qu'il faut, cette affiche. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus. Le plaisir de ce spectacle, c'est avant tout l'histoire. C'est une histoire comme on les aime. Avec ce qu'il faut d'amour, d'amitié, de doute et de rebondissements pour nous maintenir en haleine tout du long.
Car c'est bien le doute, le sujet principal de notre histoire. Cette petite graine qui s’infiltre doucement. Elle naît dans un regard, dans une hésitation, dans une intonation. Elle grandit sans qu’on s’en rende compte. Ça avance tout seul, ça monte comme un serpent qui s’enroule autour de sa proie. Ça en fait peut-être parfois encore un peu trop, on sent la recherche d’effet… Mais au fond, c’est le poison du doute qui fait le vrai boulot. Et il fait ça très bien.
On ne peut pas rester simple spectateur. On se met nous aussi à la recherche de la vérité, on devient un peu parano, on traque le moindre geste, le moindre indice qui pourrait trahir la vérité. On se met évidemment à la place des personnages. J'ai passé la pièce à me dire qu'il ne fallait pas aller trop vite en besogne, qu'évidemment le spectacle voulait m'emmener à un endroit, qu'il fallait que je garde la tête froide... Et puis on croit qu'on voit venir. On croit même qu'anticiper nous permettra d'échapper à l'émotion. Hahaha. Bien essayé.
Et en plus de ce récit brillant qui nous embarque, il y a cette scénographie. On n'en dévoilera pas trop : disons simplement que puisque le soupçon est partout – dans l’air, dans les silences, dans le non-dit – il fallait bien trouver un autre moyen d’exprimer ce qui ne peut pas se dire. Passer par les corps, par le mouvement. Et ça marche. Tantôt ça ajoute de la tension, tantôt ça la libère. Mention spéciale à Ariane Brousse, qui réussit à tout faire passer par ses gestes, ses silences, son regard. Et bien sûr, chapeau bas à ses partenaires.