La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Je ne pensais pas pouvoir m'intéresser à un spectacle sur l'histoire de Malakoff. Pire, je me demandais surtout comment ils allaient faire pour intéresser des festivalier à l'histoire de Malakoff ? En vrai, une fois qu'on a vu le spectacle, on n'a plus trop de doute. En réalité, à travers l'histoire de Malakoff, c'est l'histoire du mouvement ouvrier qui est raconté. Déjà, bon, point de départ intéressant. Mais ce qu'ils ont réussi à trouver, c'est une manière de raconter. Ce qui pourrait ressembler à un cours d’histoire un peu niche devient ici un moment de théâtre simple, joyeux, et furieusement vivant. Pas parce qu’on y apprend des dates. Parce qu’on y entend des voix. Parce qu’on voit des visages. Parce qu’on passe par des chansons d’époque, par des photos d’archives, par des récits très concrets. C’est ça que je retiens. Les chansons rigolotes. Les images qui restent en tête. La petite histoire, au sens noble.
On traverse des périodes, des luttes, des élans. Parfois très connues — la Commune, le Front populaire — parfois beaucoup moins. On croise Jaurès, bien sûr, mais aussi des inconnus. Des élus locaux, des habitantes, des figures effacées des manuels. On redécouvre ces grandes périodes qu’on a étudiées à l’école, mais sous un autre angle. Par d’autres anecdotes, d’autres regards, qui — pour une fois ! — vont rester en mémoire. Parce qu’on les visualise. Parce qu’on les entend. Parce qu’on leur donne un contexte. J’ai toujours aimé l’histoire par l’anecdote. Ça rend tout plus vrai, et quelque part, plus proche.
La mise en scène joue avec tout ça, sans jamais forcer. Elle convoque une fausse émission télé, entre chronique populaire et documentaire décalé. Elle fait coexister la scène, les archives, la musique. Et ça fonctionne. Parce que ça s'adresse directement à nous, comme si le public était un bout de l'histoire. Et d'ailleurs le public est, évidemment, un bout de l'histoire. Ils n'ont pas à convaincre. Juste à embarquer. On en sort en se disant qu’on aurait aimé en savoir encore plus. Passer plus de temps dans certaines périodes. Mieux connaître certaines figures. Et si on a envie de rester, c’est que ça a marché. À quand l’épisode 2 ?