La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Anne Charrier entre en scène. Quelle classe, Anne Charrier. Son personnage dit avoir "50 ans, de beaux restes". On aimerait bien avoir les mêmes. D'autant qu'il suffit qu'elle sourie pour que tout s'illumine. Pour qu'elle ait l'air d'une jeune fille que la vie n'a pas encore usée.
Parce que c'est de ça qu'il est question. Comme souvent chez Nicolas Mathieu, le texte est brut. On parle de réalité de vie sans fioritures. Si vous venez chercher de la légèreté, passez votre chemin. C'est un quotidien un peu gris qui voit arriver un élément perturbateur. Un élément perturbateur qui aurait dû venir avec un peu de couleur. Peut-être même un peu d’espoir. Et auquel, pour une fois, on accorde une chance.
C'est fou, parce que c'est à la fois très neutre, et pourtant on sent ces sursauts. Elle fait sentir l'ouverture, légère, juste de l'intérêt, juste de la curiosité, juste une pointe d'espoir. C'est peut-être ça qui est fort. On ne nous prend pas à la gorge. On nous attrape doucement.
Tout est là, dans cette simplicité. Ces situations presque banales – un bar, un resto, peu de mots – n’en sont que plus justes. C'est parce que c'est quotidien, parce que c'est une femme ordinaire, une solitude ordinaire, une violence ordinaire, que ça frappe. On est à la fois dans le quotidien d'une femme d'aujourd'hui et dans un western à bas bruit. Pas d'explosion, mais la tension, partout.
Et c’est justement cette tension qui la révèle. C’est parce que tout pèse sur elle, qu’elle ressort avec autant de force. Anne Charrier est la vie dans un monde tout gris. Elle nous chope. Nous accroche. Nous fait entrer dans ses silences. Cette pression insidieuse qui finit par broyer. Et qu’elle affronte, sans bruit.