La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Ce spectacle, je l'ai vu passer au OFF d'Avignon. Deux fois. J'ai observé de loin. Comme vous, peut-être. Mais le format de seul en scène et le thème abordé, la maladie, l'hôpital, ce n'est pas forcément le sujet qui fait le plus rêver quand on veut s'évader un peu du quotidien. Et pourtant. Les Frottements du cœur, c'est un spectacle où on sourit beaucoup. Où l'émotion vient parfois nous chatouiller les narines, mais toujours avec un léger sourire aux lèvres, comme petit un arc-en-ciel émotionnel.
Je ne savais rien de l'histoire à part qu'il s'agissait globalement d'une grave maladie. Mais tout de suite, je comprends que c'est une histoire vécue. Il y a dans la manière de raconter quelque chose de très fort, qui traverse tout le spectacle, qu'on soit dans des moments intenses ou plus légers. Alors oui, le cadre, c'est l'hôpital, c'est vrai. Mais quand on y pense, c'est un univers hyper théâtral, l'hôpital. C'est plein d'humeurs et de rythmes différents - les échanges tendus avec les médecins, le silence des moments en tête-à-tête avec soi-même, la monotonie des soins - et plein de personnages qui gravitent autour, comme toute une palette d'humeurs et de caractères : humains, empathiques, bourrus, stressés, tendres, rassurants. C'est un spectacle fait d'accélérations et de ralentissements, de vraies montagnes russes émotionnelles, porté par une mise en scène dynamique et rythmée par une bande sonore comme un cœur qui bat.
On suit cette maladie qui progresse, on espère pendant les hauts et on se crispe pendant les bas de sa convalescence. Le récit devient presque un polar médical où chaque symptôme, chaque consultation, chaque résultat d'examen fait l'effet d'un indice ou d'un rebondissement. Alors évidemment, on sait que ça se finit bien, puisque l'autrice de cette histoire est là pour nous la raconter. Mais elle parvient à nous faire oublier ce spoiler géant et à nous tenir en haleine comme si on découvrait tout en même temps qu'elle, avec juste ce qu'il faut de pointes d'humour pour respirer.
Et au milieu de tout ça, au milieu de cette agitation, de cette tension, de ce stress permanent, il y a autre chose. Comme une bulle. Une bulle d'humanité qui transforme ce qui pourrait être un témoignage à vif en ode à la résilience. Ce spectacle est étonnamment tendre et doux alors que ce qu'elle raconte est plutôt violent et brutal. La mort rôde, mais c'est la vie qu'on retient. Joli !