La critique de l'Affiche

L'avis de
Martin
A peine arrivé dans cette petite salle du Théâtre des Mathurins, l'ambiance musicale nous transporte en Orient où je suis resté pendant l'heure et demie qui a suivi. Dans cette maison que deux personnes se disputent, une femme juive et un homme arabe, comme l'allégorie du conflit que l'on connaît. Ce conflit, il est évidemment partout dans ce spectacle mais sans jamais prendre position, sans jamais faire la morale, sans jamais imposer une réalité. Uniquement en essayant d'apporter un éclairage et une clé de lecture différente.
Sur scène, deux comédiens mais quatre personnages qui témoignent de leurs histoires d'une manière saisissante, bouleversante, déchirante. Avec des mots et des larmes, on entrevoit la monstruosité de l'humanité. Les jeunes d'aujourd'hui se servent de cette violence passée pour justifier celle d'aujourd'hui. En la montrant avec tant de sincérité, Ismaël Saidi nous oblige à changer l'angle de vue.
L'auteur a réussi à faire dialoguer le passé et le présent ce qui rappelle immédiatement que le conflit est ancré depuis des générations. Le texte, écrit en 2022 donc avant les attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 a une résonance très particulière aujourd'hui. Car il est profondément ancré dans l'actualité. Mais il ne raconte pas ce que les chaînes d'infos nous disent tous les jours ou ce que chaque camp essaie d'imposer comme vérité. A travers des récits, Jérusalem nous raconte la souffrance. Ou plutôt les souffrances. Celles d'un peuple qu'on a séparé et que l'on continue à opposer. Celles de familles confrontées à l'horreur. Celles d'individus qui n'ont pas soif de vengeance, mais de paix.
C'est ce qui m'a le plus convaincu dans ce spectacle. Ce cri hurlant la fin de ces souffrances. On en ressort plein de questions et profondément convaincus que tout doit s'arrêter. Je crois que c'est l'un des pouvoirs du théâtre, montrer avec une réalité confusante pour convaincre. Et pour cela, ce spectacle devrait le tour de tous les collèges et lycées. Merci !