La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Quand on va voir une pièce sur l'accompagnement sexuel, on s'attend à quelque chose d'un peu loin de nous. À observer un monde qu’on ne connaît pas, des gestes, des corps, des envies qui ne sont pas les nôtres. Et puis Clémence arrive. Elle dit : « j’ai la dalle », et quelque chose se repositionne. Elle met directement Antoine dans le contexte. Et nous aussi.
Il y a d'une part le témoignage. C'est quand même un monde qu'on connaît peu, celui de l'accompagnement sexuel. Le spectacle en restitue les voix, via des extraits audio, comme un théâtre documentaire. Mais ça va plus loin que ça. Il s'agit, comme Clémence, de le découvrir, en la personne d'Antoine. Finalement, des deux, c'est lui qui étonne, lui qui intrigue. Il parle peu, il écoute. Il a cette douceur, cette humanité silencieuse qui fait place à l’autre. Il ne s’impose pas : il accueille.
Et en parallèle, il y a cette rencontre, sensuelle et inattendue. Pudique. On en a vu, des histoires d'amour, mais celle-ci a quelque chose de différent. Elle ne commence pas par le regard, mais par le besoin. Pas celui de séduire, celui d’exister, de se sentir vivante. Il ne se passe presque rien — juste des mots, des silences, une intonation, une attention de l’un pour l’autre. Et pourtant, tout passe. Les comédiens n’ont pas besoin d’en faire plus : ils posent les gestes justes, à peine esquissés, et tout est là. On ne voit rien d'autre que les partages, les rires, les bouts d'eux qu'ils se donnent. La montée du lien. On voit les moments de tendresses, la complicité qui se noue. Jusqu'à ce quelque chose qui s'ajoute dans le regard. Comme une émotion en plus. Comme une émotion en trop. Et le besoin corporel devint besoin vital. Aïe.