La critique de l'Affiche

L'avis de
Benjamin
Seul sur scène, Éric Feldman évoque un passé qui ne passe pas. Comme chez tant de descendants de survivants, la Shoah agit comme un traumatisme héréditaire, sourd et persistant. Dans un flot de pensées parfois fragmentées, il donne corps aux absences et aux silences, devenus névroses ou angoisses enfouies. Seule la psychanalyse semble permettre d’en déchiffrer les ressorts et d’en nommer les traces invisibles.
Et pourtant, malgré la gravité du propos, le spectacle reste d’une légèreté surprenante, porté par un humour souvent mordant, parfois absurde. De ce décalage nait sa force : rire de l’indicible, non pour l’atténuer, mais pour mieux le regarder en face.
On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie est aussi un hommage touchant à la culture yiddish — cette culture partagée par les Juifs d’Europe de l’Est, décimée avec celles et ceux qui la faisaient vivre. En redonnant souffle à sa langue, son théâtre, sa musique, son humour, Éric Feldman accomplit bien plus qu’un devoir de mémoire : il engage un véritable acte de transmission, à la fois intime et universel.