
Peu importe
Simone bosse beaucoup, voyage tout le temps. Erik reste à la maison, s’occupe des enfants. Elle étouffe. Lui se sent nul. Ils pensaient avoir tout bien fait : partager, réussir, équilibrer. Et puis un jour, les rôles s’inversent. A votre avis, qu'est-ce que ça va changer ?
On commence à lire la fiche. Mayenburg. Déjà, on est bien. Le Moche nous trotte encore dans la tête. Texte inédit. Ah ! Vous nous intéressez de plus en plus. Puis Marilyne Fontaine. Jeu, set, et match. C’est bon, vendu. Y’a des spectacles comme ça où l’envie monte en flèche sans même avoir lu le pitch.
La critique de l'Affiche
L'avis de
Mordue
J'ai une fâcheuse tendance à comparer certains spectacles à des matchs sportifs. Je parle souvent de boxe. De tennis. Mais je crois que je n'avais encore jamais comparé un spectacle à un match de ping pong. Parce que comme ça, ça a l'air de rien, un match de ping pong. Mais est-ce que vous avez déjà regardé des professionnels ? La rapidité des échanges, les feintes, les effets, l’art de faire croire que la balle est là alors qu’elle est déjà ailleurs. Un enchaînement sans répit. Sans respiration. C’est exactement ça, Peu importe. Un match sans respiration.
Bouche bée. On ne peut qu'être bouche bée devant ce spectacle. C'est une joute verbale. Il est rude, ce spectacle. Pas dans ce qu'il dit mais dans ce qu'il laisse entendre. C'est incisif et réaliste, comme un miroir tendu devant nous. À peine exagéré. Juste assez pour que ça pique. Un règlement de comptes, sans concession, sur la vie à deux. Un enchaînement de phrases-reproches. Des choses qu'on connaît, des choses quotidiennes mais tellement bien articulées, transcendées par une écriture et un rythme uniques. Ce sont ces conversations de couples qui mélangent small talk et sujets de fond. Ces questions qu'on pose sans écouter réellement la réponse. Une relation qui s'effiloche. Une écoute qui se délite. Et ce “peu importe” qui revient comme un refrain : tranchant, douloureux, implacable. Mais aussi, parfois, désespérément tendre. Ce peu importe, c’est aussi une façon de ne pas aller au bout du conflit. Une manière de dire : je lâche, pour ne pas te perdre. Un mot de concession, qui contient tout ce qu’on ne veut pas briser.
Je me demande ce que donne le texte à la lecture. A l'écoute, c'est une maestria. Ils sont incroyables, ces comédiens. Incroyables de finesse, de précision, d'implication. Chaque tirade est un morceau de bravoure. Ils font passer l’implicite, les sous-entendus, les différents niveaux de lecture, les non-dits - jusqu’à cette chose terrible qu’on découvre presque avoir pensée en la disant. Et ils réussissent un sacré tour de force : jouer totalement ensemble et l’un contre l’autre.
Et puis cette forme. Régulièrement, les rôles s'inversent. Il devient ambitieux, elle se met à rêver plus petit. La joute reprend, les mêmes mots fusent, et pourtant. Ce "et pourtant" c'est incroyable. Ils disent la même chose. Les mêmes mots. Et pourtant tout change. Parce que le rôle, la société, les injonctions, les stéréotypes de genre… tout cela colore les répliques autrement. Les non-dits se déplacent. Et le spectacle devient vertigineux.
Galerie

Bande-annonce
L'équipe artistique
Texte Marius von Mayenburg
Mise en scène et traduction Robin Ormond
Interprétation Marilyne Fontaine, Assane Timbo
Scénographie & lumières Manon Vergotte
Costumes Louise Digard
Création sonore Arthur Frick
Dramaturgie Laurent Muhleisen
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