La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
Frère(s), comme son titre ne l'indique pas, c'est un spectacle qui se passe dans l'univers gastronomique. En plein coeur d'une brigade de cuisine. C'est chouette de plonger dans cet univers. C'est pas souvent, au théâtre, alors même qu'on sait que ça passionne tant de monde à la télé. Pas de chef star ici, mais l’envers du décor : la sueur, la pression, les coulisses.
Le spectacle suit le tempo du service : il faut que ça aille vite. Il ne faut pas se faire dépasser. Il faut pouvoir suivre. Pas de répit. Pas droit à l'erreur. Le rythme s'emballe pour ne jamais retomber. Ils sont deux et courent partout sur scène. C'est un spectacle plein de testostérone. Un spectacle qui parle de machisme, qui montre les ordres, l'exigence, la rigueur, l'absence d'empathie. Un spectacle sur un monde qui broie. L'urgence est partout. L’urgence du service. L’urgence de réussir. L’urgence de prouver.
Mais on ne parle pas que de cuisine. C'est aussi un spectacle qui parle de sortir de son milieu social, de découvrir d'autres mondes. C'est un spectacle qui se construit sur des oppositions. Sur la rencontre entre deux personnages très différents. Le coeur de ce spectacle, c'est sûrement leur amitié. Une amitié qui se dessine dans une ambiance où tout est sous tension. Une amitié qui se construit à travers la dureté d'une formation. Une amitié que rien en semble pouvoir entaillée, puisqu'elle se construit dans un monde où l'humain n'a pas sa place. Une amitié à contre-courant. Et pourtant, on la voit qui se tend, qui se délite, aspirée par le rythme, par l'envie, par l'ego. On voit le moment où ça craque. Où les deux chemins divergent. On n'en dira pas beaucoup plus. Simplement que cette histoire d'amitié, elle est aussi haletante qu'une finale de Top Chef.