La critique de l'Affiche
L'avis de
Mordue
Ça faisait un moment que j'avais envie de découvrir ce lieu, dont j'ai découvert l'existence après avoir vu Les Eaux Sauvages d'Anne Sylvestre au Festival OFF d'Avignon. Un centre national dédié au patrimoine de la chanson à Paris, et je n'étais pas au courant ? Le Hall de la chanson, c'est à la fois un théâtre, une école de formation supérieure et un lieu de recherche et de création autour des répertoires de la chanson française. Et c'est le genre d'endroit qui a une âme, comme on dit. Le genre de lieu porté par des directeurs passionnés, qui font précéder la représentation de discours enflammés et captivants sur Joséphine Baker, sur la genèse du spectacle, sur l'histoire des lieux.
Si ces présentations préalables créent une vraie proximité avec le public, elles donnent aussi une tonalité un peu confidentielle à la soirée. Du coup, quand on entre dans la salle, on ne s'attend pas du tout à ce qui nous attend. On ne s'attend pas à trouver un orchestre jazz live composé de quatre musiciens et de presque deux fois plus d'instruments. On ne s'attend pas à un spectacle structuré en 11 tableaux avec des changements de costumes à presque chaque séquence. On ne s'attend pas, tout simplement, à un spectacle d'une telle ampleur et d'une telle qualité.
Car ce qu'on découvre est pour le moins inattendu. Une véritable revue de deux heures dans ce lieu décidément unique. Sur scène, ces jeunes comédiens-chanteurs se révèlent être des artistes complets : aussi impressionnants en danse qu'en chant, ils proposent notamment des reprises saisissantes des danses sauvages qui ont fait la renommée de Joséphine Baker. Les tableaux s'enchaînent et nous plongent dans les différentes facettes de la vie de l'artiste : son enfance difficile à Saint-Louis, ses débuts parisiens à la Revue Nègre, son engagement dans la Résistance, son combat pour les droits civiques, son adoption des douze enfants de la tribu arc-en-ciel... On traverse toutes ces époques au son d'un répertoire d'une richesse incroyable, avec des chansons que je ne connaissais pour la plupart pas du tout. Des images d'archives et des projections viennent illustrer le propos tout au long du spectacle.
Mon seul petit regret, peut-être, serait le manque de contextualisation : tout étant entièrement chanté, on peut parfois perdre le fil narratif si on ne connaît pas déjà bien la vie de Joséphine Baker. Mais c'est presque accessoire tant le spectacle emporte par son énergie, sa générosité et la passion qu'il dégage. On ressort de cette soirée avec une certitude : ces jeunes artistes qui rendent un hommage vibrant et joyeux à Joséphine Baker ont un sacré talent, et le Hall de la chanson mérite vraiment d'être (re)découvert. Et surtout, on a qu'une envie : revenir voir ce que ce lieu si particulier nous réserve pour la suite.























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