La critique de l'Affiche
.webp)
L'avis de
Angèle
Frédéric Mistral a eu le Prix Nobel de littérature en 1904, et Mirèio est son œuvre la plus connue, écrite en langue provençale. Gérard Gélas a eu la bonne idée d’adapter ce vaste poème en douze chants pour la scène et de nous faire entendre cette œuvre un peu oubliée. C’est une très jolie découverte. Mireille est une jeune provençale à qui ses parents, riches fermiers, refusent de donner comme époux un pauvre vannier, Vincent. C’est donc l’histoire des amours malheureuses de Mireille et de Vincent, mais magnifiée par l’évocation de la terre provençale, de ses coutumes, de ses croyances et de ses légendes. La nature, avec le cycle des saisons, avec les travaux des champs, les animaux, y est constamment présente. La Crau et la Camargue sont des forces agissantes. Le combat entre Vincent et l’un des prétendants de Mireille y prend une dimension épique digne d’Homère. Gérard Gélas a choisi la simplicité pour porter cette œuvre à la scène. Un récitant, qui a la figure de Mistral, nous guide dans la trame de l’œuvre en conservant ce qu’il faut de sa poésie. Les acteurs jouent de manière sincère et sensible les épisodes essentiels de ce « rêve de Mistral ». Le plateau est nu, noir, pour mieux faire surgir de l’imagination du poète ces personnages bien typés, les accessoires sont rares, les costumes provençaux sans pittoresque excessif, mais le charme du poème suffit et agit. Toutes les couleurs de l’œuvre sont là, de l’idylle bucolique au fantastique ou au tragique. Cette histoire provençale et universelle touche au cœur.