La cafe aux folles

Je dois vous avouer quelque chose. Je trouve que parfois, Olivier Py en fait un peu trop. Je trouve que parfois, Laurent Lafitte en fait un peu trop. Et l'idée que je me faisais de La Cage aux folles, c'était celle d'une pièce qui en faisait un peu trop. J'avais mi-hâte, mi-peur. Envie d'être surprise, crainte du malaise. Mais ce n'est pas un spectacle en demi-teinte. Pas un spectacle qui vous laisse à moitié de côté. Et mon avis n'est pas dans la demi-mesure : j'ai A-DO-RÉ.

On en prend plein les yeux, plein les oreilles, et notre sourire ne fait que s'étirer durant les 2h30 que dure le spectacle. Moi qui avais peur de leur excessivité, c'est peut-être elle qui m'a portée, car c'est un spectacle débordant, extravagant, brillant. Un spectacle qui leur ressemble, au fond, et c'est peut-être pour ça qu'il fonctionne si bien : parce qu'on sent l'authenticité, la joie réelle, et l'envie viscérale de défendre ce grand show.

J'ai beaucoup beaucoup BEAUCOUP vu Laurent Lafitte ces dernières années et je croyais lui avoir attribué tous les qualificatifs possibles. Mais il y en a un que je n'avais encore jamais sorti : il est parfait. Pour moi, Zaza, c'est le rôle de sa vie. Il y déploie cette jovialité solaire qui lui colle à la peau, mais il y ajoute une vulnérabilité, une fragilité qui touche d'autant plus qu'elle est glissée avec une simplicité désarmante. Tous ses bons mots font mouche : à chaque vanne il plie la salle en deux - et c'est impressionnant. Mais ce qui m'a vraiment scotchée, c'est sa capacité à poser l'émotion exactement quand il le souhaite. Une pointe par-ci, une touche par-là. Chaque nuance peut filer des frissons.

Et puis j'avoue être impressionnée par les aptitudes vocales du monsieur. Il a fait de la comédie musicale, certes, il a dû bosser dur, certes, mais pour à ce point tenir la barre face à Damien Bigourdan, ténor de métier, chapeau. Toute la distribution est exceptionnelle : entre mon plaisir absolu de retrouver Lara Neumann et Émeline Bayart, et celui non moindre de découvrir Emeric Payet, Harold Simon ou Gilles Vajou, j'étais aux anges. Au plaisir des oreilles s'ajoute celui des yeux, avec des numéros de danse qui nous en mettent plein les mirettes.

Et puis il y avait cette crainte : que le sujet soit daté, gênant, maladroit. Rien de tout ça. La Cage aux folles est une ode vibrante à la vie, à l'amour, à la liberté d'être soi. C'est politique juste ce qu'il faut, ça fait passer le message avec justesse, et c'est même du grand art, au milieu de cette explosion de couleurs, de paillettes et de fantaisie, d'arriver à faire entendre le propos sans jamais appuyer. C'est simple : j'ai vu ce spectacle il y a près d'un mois maintenant et certains airs continuer de poper dans ma tête à des moments random de la journée, et à me procurer instantanément un sentiment de bonheur et d'allégresse. Écrire ces quelques lignes m'a donc rendue un peu plus heureuse aujourd'hui. C'est chouette, non ?