Le mariage de Figaro

Comme je l'attendais, ce Mariage ! Je l'attendais avec cette excitation mêlée d'un brin d'inquiétude : c'était presque trop beau pour être vrai, ce comédien-là, cette distribution, cette metteuse en scène, et, évidemment, ce texte. J'attendais la faute, forcément, je ne pouvais qu'être déçue. Et bah... non !

Mais quel bonheur ce texte. On se joue des tours, on rit, on pense : c'est une mécanique de génie. Les tours de Figaro, les manigances du Comte, les amours de Chérubin... Les stratégies se dessinent, se réarrangent, s'adaptent au fil des rebondissement. Ça rebondit de partout, ça fuse, ça virevolte, ça pétille de gouaille et d'esprit. Et ça résonne de partout - on entend le fond politique, bien sûr, de ce texte pré-révolutionnaire, mais aussi – et peut-être plus encore – les éclats féministes qui traversent Marceline, Suzanne et la Comtesse. Qu’elles sont belles, ces figures de femmes !

Et puis Torreton, les gars, Torreton. J'avais peur qu'il soit trop vieux pour le rôle, mais j'étais complètement à côté de la plaque. Il est simplement PAR-FAIT. Son Figaro est vif, rusé, rapide, le regard brillant, l’assurance juste ce qu’il faut. Charmeur, charmant. On comprend que Suzanne soit amoureuse de lui - et nous aussi, un peu, avouons-le.

On a un plaisir enfantin devant les stratagèmes et ces comiques de situation qui s'enchaînent. Un plaisir de spectateur face à un texte affûté, drôle, insolent et furieusement intelligent. Un plaisir de gourmet devant cette distribution cinq étoiles, qui joue avec panache et jubilation. Un vrai festin de théâtre. On en redemande.